amours-ethyliques

[W]here is my mind[?]

Mardi 6 décembre 2011 à 0:03

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 C’était un soir d’octobre. Il ne faisait pas encore froid. J’étais bien. Et plus pour longtemps. Je déambulais dans les rues de Bruxelles. Avec lui. L’air de rien, il me lance sur le ton du défi. « Je parie que t’es même pas cap de monter là haut ». Là haut, c’était la Cathédrale. Majestueuse. Je pouvais entendre les gargouilles ricaner, « elle n’osera jamais ! ». J’ai peur du vide. Mais j’ai dit oui. J’ai pris sa main dans la mienne et mon courage dans l’autre. Par chance, c’était ouvert. Pêcheur, tu es toujours le bienvenu dans la maison du Seigneur. Ah ça ! Plus pêcheurs que nous, on en fait rarement. Au bout des premières marches, mes talons se rappelaient à moi, mais pas question d’abandonner. De toute façon, je ne pouvais pas. Pas avec lui. Abandonner maintenant, ça aurait comme le quitter lui. Et ça, je n’y étais pas prête. On est arrivé tout en haut. La vue était imprenable. C’était magnifique. J’ai voulu me blottir dans ses bras. Il a eu un mouvement de recul. J’ai attrapé sa main, mais elle se dérobait. Est-ce parce que j’avais remporté son pari ? Non, mais je ne le savais pas encore. Je lui tournai le dos. Dans mes yeux on pouvait voir le reflet de l’hôtel de ville. C’était un instant magique. Volé et magique. Et puis il a posé sa main sur mon épaule. Je sentais qu’il voulait dire quelque chose mais qu’il ne trouvait pas les mots. Je me suis retournée. Face à lui. Il a pris une grande inspiration. Et il a parlé. « Lily… Je vais me marier. C’est avec elle que je ferai ma vie. Toi et moi, c’est fini. Pour toujours. D’ailleurs ça fait bien longtemps que c’est fini, tu sais très bien que c’est elle que j’aime. Pour toujours.» J’avais perdu le fil à partir du mot marier. Je n’ai rien dit. Calmement, je lui ai tourné le dos à nouveau. Et j’ai marché vers le bord. A nouveau les gargouilles ricanaient. Pour vous moquez des autres, c’est sur, vous êtes les meilleures ! J’ai voulu sauter. Le pavé froid m’appelait. Il me tendait les bras. « Viens, tu verras comme ici c’est mieux. T’auras plus jamais mal. Jamais. Saute ! » Et puis me rendant compte qu’il ne bougeait pas, qu’il ne disait plus rien, qu’il m’aurait sans doute laissé sauter, parce que ça aurait été plus facile, je me suis emportée. J’ai foncé sur lui comme une furie. J’étais hors de moi. De mes petits points je tapais sur sa poitrine. J’hurlais. Je pleurais. Je me tordais de mal. Et lui ne disait rien. Il a voulu se dégager, me laisser sur ce toit avec ma décision à prendre. Mais je l’ai retenu par la manche. Non ! Il ne pouvait pas me laisser comme ça après m’avoir poignardée dans le dos. Et tout ce qu’on a vécu ? Tous ces secrets pour quoi ? Bien sur qu’on se fait beaucoup plus de mal que de bien. Bien sur qu’on n’est pas fait pour être ensemble. Oui je le sais ça. Et je le savais depuis notre rupture. Je savais que je n’étais qu’une aventure. Au fond de moi. Mais je ne pouvais m’empêcher de répéter « mais pourquoi pas moi ? » Oui, pourquoi pas moi ? Pourquoi elle ? Pourquoi ce n’est jamais moi, celle qu’on épouse ? Ah oui, pour baiser, Lily est là, mais à épouser, quand même n’exagérons rien. Alors j’ai voulu voir ce que ça ferait si c’était lui qui était écrasé sur le pavé froid. Si c’était son cœur à lui qui serait tout écrasé par le choc. Je le poussais. Je le poussais. Encore et encore. Mais il résistait. Encore et encore. J’en ai eu marre de pleurer. J’avais trop mal. Beaucoup trop. Je l’ai abandonné sur ce toit. Je lui ai laissé ma ville, sans gâcher nos vies. J’ai voulu aller pleurer dans les jupes des mes copines. Mais, elles ne comprennent pas. A leurs yeux ma souffrance ne vaut rien. Elle est trop infime. Ce que je vis n’est rien comparé à ce qu’elles vivent ou ont vécu. Et puis c’est en partie de ma faute. Si je n’allais pas papillonner à droite à gauche, ça irait sans doute mieux. Oui, merci les copines. Alors je suis rentrée chez moi. Seule. Comme d’habitude. Sans lui, mais ça, j’en ai aussi l’habitude. Mais j’aurais bien aimé qu’il s’écrase, le cœur le premier contre le pavé froid de ma ville, entre deux taxis.

 

Par eclat-de-reves le Mardi 6 décembre 2011 à 1:13
Pourquoi c'est jamais moi, celle qu'on épouse ?

çà fait mal, tellement mal, ce genre de phrases. Etre la deuxième. Toujours.

Courage si c'est véridique. Magnifique si c'est inventé.
 

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