amours-ethyliques

[W]here is my mind[?]

Lundi 7 mai 2012 à 23:17

Trop tard. Une fois de plus, on se rate de peu ou on se rate tout court. Il est vrai que si ça ne dépend que de moi, j'entends par la si je ne dois pas prendre un tram à une heure précise, ou un bus, ou un train, ou wathever, j'arrive forcément en retard peu importe l'endroit. Sauf peut-être pour les examens. Et encore. C'est vrai que je préfère arriver dix voir quinze minutes en retard, pour être sure de ne pas devoir attendre, toute seule, comme une conne. Mais si j'arrivais au rendez vous à l'heure, si je partais à temps pour aller en cours, est-ce que ma vie serait fondamentalement différente ? Est-ce que tout est une question de timing ? Il m'arrive souvent de me demander ce qu'aurait été ma vie si j'étais resté vivre aux Etats-Unis, ou si j'étais allée dans une autre école, si j'avais choisi d'autres études. Mais la, on ne parle que de quelques minutes, pas d'un choix de vie. Quelques secondes qui peuvent changer une vie. Est-ce que si je m'étais décidée plus tôt à partir, on se serait vu ? Est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Imaginons un instant que pour une seconde notre vie pourrait être totalement différente. Que tout pourrait basculer. Si, par exemple, on avait traversé plus tôt la route, et on se fait écraser, la oui, forcément, la vie change, mais est-ce pareil en amour ? Si on avait tourner à droite deux minutes plus tard, est-ce qu'on se serait croisés ? Et puis plus bêtement. Si on s'était rencontré dans trois ans, est-ce que notre histoire aurait été différente ? Se serait-on quittés de la même façon ? On ne le saura sans doute jamais, c'est certain. Mais j'y pense souvent. J'ai un esprit torturé, et c'est comme ça. Je préfère souvent me poser un million de questions plutôt que de voir la vérité en face. Parce que je préfère me dire que dans un autre monde, où tout s'est joué à quelques minutes, on est heureux. Parce qu'il faut bien qu'on soit heureux quelque part.
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Jeudi 29 décembre 2011 à 23:44

 Parfois, j’ai l’impression qu’on ne s’est jamais connus. Qu’on n’a jamais été amoureux. Qu’on n’a jamais vécu ce qu’on a vécu. Ce n’est pas tout à fait juste, c’est vrai, j’ai plutôt l’impression que nous, c’était il y a des siècles. Dans une autre vie. Et notre histoire je la placerais dans un décor comme celui des mille et une nuits, va t en savoir pourquoi. Moi en Shéhérazade. Divinement belle. Mystérieuse. Et toi, l’obscur roi de perse. Oui, dans ma version, c’est moi qui domine. Vile manipulatrice. Et puis d’un coup, d’un seul, tout me revient. Je me rappelle de la souffrance. En grande quantité. Du bien qu’on ne se faisait pas. Du mal, non plus, certes. Et puis d’un immense vide. Oui, le jour où tu es parti, tu as laissé un trou béant en moi. C’est peut-être pour ça que je n’arrive pas à oublier. Je suis marquée au fer rouge à jamais. Mais parfois, j’aurais vraiment aimé qu’on ne se soit pas connu. Mais surtout qu’on ne se soit pas oubliés.

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Samedi 24 décembre 2011 à 0:17

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     Une fois de plus, il faisait froid. La pluie tapait sur la fenêtre de la cuisine. Entrez ! J'avais éteint toutes les lumières et je me retrouvais donc dans un noir le plus total. Il n'y avait juste que la pale blancheur de la lune qui venait lecher les carrelages entre deux nuages. Pas de bruit. Que la pluie. Et le vent. J'ai toujours détesté rester dans le noir comme ça, toute seule, et pourtant là je jubilais. Assise contre le radiateur, une cigarette au bout des lèvres et un verre à la main, je riais. Un rire machiavélique et stridant. Tout mon corps en tremblait et j'en avais même les larmes aux yeux. Encore aujourd'hui je ne sais pas très bien ce qui a provoqué en moi ce moment d'extase enivrant. Pourtant j'étais bien la, à même le sol, ne sachant controler cet élan grotesque. Je ne pouvais réprimer cette envie de rire aux éclats. J'en ai encore mal aux cotes. 

Et puis soudain, j'ai repris mes esprits. Il était la. Regard livide. Baignant dans une marre de sang écarlate. Son coeur déversant ses derniers sentiments sur le carrelage froid de ma cuisine. J'ai mis du temps à m'en rendre compte mais mes mains étaient pleines de sang. Mon T-shirt blanc aussi. J'en avais même un peu sur la joue. C'est là que j'ai compris. Doucement, je me suis levée. J'ai posé un dernier regard sur ce corps qui gisait dans ma cuisine. Mon verre a glissé de mes mains et s'est fracassé en mille morceaux dans la marre de sang. Ma vodka se mélangeait à son sang. J'ai hurlé. Hurlé à la mort. Je crois que je venais de le tuer. 
Alors, bien décidée à oublier ce que je venais de voir, et sûrement de faire, je me suis retournée. J'ai jeté un dernier coup d'oeil furtif au cadavre tellement exquis, et je suis partie. En prenant bien soin de refermer la porte derrière lui. Ou derrière moi.

C'est un texte que j'ai écrit y a quelques temps déjà, mais je l'aime bien :-)

Mercredi 21 décembre 2011 à 0:56

 On ne peut plus le nier. Noël est à nos portes. Des tas de petites maisons en bois ont poussé partout. Il y a de la musique dans les rues. Et les magasins. Pour celui qui ne connaissait pas encore Last Christmas de Wham ! à mon avis, à l’heure actuelle, c’est chose faite. Dieu que j’adore cette période. Le vin chaud et les spéculoos. Les sapins de Noël qui scintillent. Et les cadeaux, tous enfermés dans des emballages enchanteurs. Marie et Joseph qui attendent patiemment l’arrivée du petit Jésus. Les vestes d’hiver et les moufles en laine. Les longues écharpes dans lesquelles on pourrait s’emmitoufler à deux. La neige et ses flocons. Les batailles de boule de neige. Et les bonshommes que l’on fait au fond du jardin. Les décorations qui illuminent la nuit et les cœurs. Les maisons en pain d’épice. Les diners en famille. Les rires des enfants et les regards attendris de leurs grands-parents. Frank Sinatra et Bing Crosby. Love Actually et The Holiday. Les feux dans la cheminée. Les magasins de jouets et les lettres au Père Noël. Et puis les rennes. Et leur traineau.

Et j’aime tout ça. J’aime Noël.

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Mardi 6 décembre 2011 à 0:03

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 C’était un soir d’octobre. Il ne faisait pas encore froid. J’étais bien. Et plus pour longtemps. Je déambulais dans les rues de Bruxelles. Avec lui. L’air de rien, il me lance sur le ton du défi. « Je parie que t’es même pas cap de monter là haut ». Là haut, c’était la Cathédrale. Majestueuse. Je pouvais entendre les gargouilles ricaner, « elle n’osera jamais ! ». J’ai peur du vide. Mais j’ai dit oui. J’ai pris sa main dans la mienne et mon courage dans l’autre. Par chance, c’était ouvert. Pêcheur, tu es toujours le bienvenu dans la maison du Seigneur. Ah ça ! Plus pêcheurs que nous, on en fait rarement. Au bout des premières marches, mes talons se rappelaient à moi, mais pas question d’abandonner. De toute façon, je ne pouvais pas. Pas avec lui. Abandonner maintenant, ça aurait comme le quitter lui. Et ça, je n’y étais pas prête. On est arrivé tout en haut. La vue était imprenable. C’était magnifique. J’ai voulu me blottir dans ses bras. Il a eu un mouvement de recul. J’ai attrapé sa main, mais elle se dérobait. Est-ce parce que j’avais remporté son pari ? Non, mais je ne le savais pas encore. Je lui tournai le dos. Dans mes yeux on pouvait voir le reflet de l’hôtel de ville. C’était un instant magique. Volé et magique. Et puis il a posé sa main sur mon épaule. Je sentais qu’il voulait dire quelque chose mais qu’il ne trouvait pas les mots. Je me suis retournée. Face à lui. Il a pris une grande inspiration. Et il a parlé. « Lily… Je vais me marier. C’est avec elle que je ferai ma vie. Toi et moi, c’est fini. Pour toujours. D’ailleurs ça fait bien longtemps que c’est fini, tu sais très bien que c’est elle que j’aime. Pour toujours.» J’avais perdu le fil à partir du mot marier. Je n’ai rien dit. Calmement, je lui ai tourné le dos à nouveau. Et j’ai marché vers le bord. A nouveau les gargouilles ricanaient. Pour vous moquez des autres, c’est sur, vous êtes les meilleures ! J’ai voulu sauter. Le pavé froid m’appelait. Il me tendait les bras. « Viens, tu verras comme ici c’est mieux. T’auras plus jamais mal. Jamais. Saute ! » Et puis me rendant compte qu’il ne bougeait pas, qu’il ne disait plus rien, qu’il m’aurait sans doute laissé sauter, parce que ça aurait été plus facile, je me suis emportée. J’ai foncé sur lui comme une furie. J’étais hors de moi. De mes petits points je tapais sur sa poitrine. J’hurlais. Je pleurais. Je me tordais de mal. Et lui ne disait rien. Il a voulu se dégager, me laisser sur ce toit avec ma décision à prendre. Mais je l’ai retenu par la manche. Non ! Il ne pouvait pas me laisser comme ça après m’avoir poignardée dans le dos. Et tout ce qu’on a vécu ? Tous ces secrets pour quoi ? Bien sur qu’on se fait beaucoup plus de mal que de bien. Bien sur qu’on n’est pas fait pour être ensemble. Oui je le sais ça. Et je le savais depuis notre rupture. Je savais que je n’étais qu’une aventure. Au fond de moi. Mais je ne pouvais m’empêcher de répéter « mais pourquoi pas moi ? » Oui, pourquoi pas moi ? Pourquoi elle ? Pourquoi ce n’est jamais moi, celle qu’on épouse ? Ah oui, pour baiser, Lily est là, mais à épouser, quand même n’exagérons rien. Alors j’ai voulu voir ce que ça ferait si c’était lui qui était écrasé sur le pavé froid. Si c’était son cœur à lui qui serait tout écrasé par le choc. Je le poussais. Je le poussais. Encore et encore. Mais il résistait. Encore et encore. J’en ai eu marre de pleurer. J’avais trop mal. Beaucoup trop. Je l’ai abandonné sur ce toit. Je lui ai laissé ma ville, sans gâcher nos vies. J’ai voulu aller pleurer dans les jupes des mes copines. Mais, elles ne comprennent pas. A leurs yeux ma souffrance ne vaut rien. Elle est trop infime. Ce que je vis n’est rien comparé à ce qu’elles vivent ou ont vécu. Et puis c’est en partie de ma faute. Si je n’allais pas papillonner à droite à gauche, ça irait sans doute mieux. Oui, merci les copines. Alors je suis rentrée chez moi. Seule. Comme d’habitude. Sans lui, mais ça, j’en ai aussi l’habitude. Mais j’aurais bien aimé qu’il s’écrase, le cœur le premier contre le pavé froid de ma ville, entre deux taxis.

 

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